Album de compositions personnelles (63′ – Buda Musique 2014)


Isabelle Courroy, le souffle onirique des flûtes kaval / Buda Musique 2014
- Coup de coeur de l’Académie Charles Cros – Création – Musique du Monde
Isabelle Courroy, les transmutations d’un souffle par Laurent Aubert / Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève (2014)
D’apparence modeste et rustique – un simple tuyau percé de quelques trous –, le kaval n’est pas pour autant un instrument facile à manier, et il faut toute la délicatesse et la force de conviction d’une véritable artiste pour en maîtriser les ultimes subtilités. Ces qualités sont ici mises au service d’une inspiration kaléïdoscopique, sans cesse renouvelée au fil des pièces qui, comme les perles d’un rosaire, s’égrènent dans cet album aux mille orients.
Abreuvée aux sources pour l’essentiel turco-balkaniques de son instrument, Isabelle Courroy croit aux fulgurances de l’improvisation, dont émane l’essentiel d’un répertoire ensuite façonné par une lente alchimie faite de méditations solitaires et de fusionnelles connivences. Les Orients et les Occidents qui peuplent son imaginaire apparaissent toujours en filigrane dans ce voyage musical. À partir de ces références s’élaborent des rencontres, se tissent des complicités, se développe un discours musical créatif fait de coups de cœur, de timbres entrelacés, de mélodies jubilatoires et de rythmes lancinants. Ainsi portés aux nues, les souffles éoliens du kaval vous chamboulent l’âme pour mieux vous entraîner dans les volutes incandescentes de leurs mélopées enivrantes.

Distribution :
Conception et compositions : Isabelle Courroy
Réalisation : Bruno Allary
Manuelle Agate / kaval, Bruno Allary / guitares, basse, bendir, programmations, Patrick Ayala / trompette, trombone, tuba, Hristina Beleva /gadulka, Nabankur Bhattacharya / tabla, Hassan Boukerrou / derbouka, Fred Braye / illustration sonore, Benoît Capron / accordéon, Latif Chaarani / req, Isabelle Courroy : flûte traversière, kaval, chines, tampura, sons fixés, Shadi Fathi / sétâr, daf, Philippe Franceschi / clarinette, Christiane Ildevert / contrebasse, Fanis Karoussos / santouri, lafta, Georges Mas / clarinette, Katerina Papadopoulou / chant, Lionel Romieu / mandole, tambura, Jérôme Salomon /daf, daouli, toumbeleki, tombak, Sokratis Sinopoulos / lyra
Mixage – Nerves-wos – Salon de Provence – Mastering : Raphael Jonin
Production L’Oreille buissonnière / MCE
Editions Buda Musique / Distribution : Socadisc & Believe digital
Création soutenue par le Conseil Régional PACA
Coup de coeur de l’Académie Charles Cros / Babel Med 2014 / Bravo!!! Trad Mag.
Présents dans toute l’Europe orientale et l’Anatolie, les kavals s’y déclinent sous des formes variées ayant en commun, comme toutes les flûtes, le pouvoir d’évoquer et d’invoquer le monde pastoral. Kaw, la racine du mot kaval désignant les flûtes en turc, signifie la Parole. Cette étymologie d’Asie centrale met en lumière le pouvoir sacré de l’instrument et invite le musicien au rôle de médiateur, voire de magicien. Il me plaît aussi d’entendre dans le nom kaval l’écho du mot cavité, en résonance avec la bouche du flûtiste, la caverne d’où s’envole librement son chant.
Les instruments que je joue ici appartiennent à la famille des flûtes obliques, à embouchure libre, c’est-à-dire dépourvue de bec ou autre élément qui endiguerait l’air insufflé. Cette spécificité des flûtes obliques, et particulièrement des kavals, enrichit leur palette sonore et dynamique de souffles et de grains qui occupent une place centrale dans mon approche. L’enfant, qui à l’issue d’un concert me demandait « Pourquoi il y a du sable dans ta flûte ? », l’avait bien ressenti.
Fondamentalement attirée par le travail sur la matière sonore et particulièrement concernée par la fluidité, je m’abreuve à une source musicale d’essence traditionnelle tout en jouant, improvisant et composant à partir de ce que je suis, ici et maintenant, à travers ce simple tube ouvert à ses deux extrémités.
Toutes les compositions que j’ai rassemblées sont nées au cours de moments d’improvisation au kaval ; moments solitaires, en général chez moi, où je me sens entourée d’une famille : les musiciens qui ont guidé ma formation initiale de flûtiste traversière, ceux qui m’ont enseigné l’art du kaval, ainsi que ceux dont la rencontre a été déterminante. Confluence#1 représente pour moi une aventure musicale et humaine particulière. J’ai souhaité la rencontre, parfois brève, toujours riche, entre mon univers musical et ceux des artistes que j’ai invités. Chacun d’eux a apporté une couleur, une matière, une générosité et une confiance qui habitent ces pièces et qui me touchent. Dans mon enfance, une amie de ma sœur aînée m’a fait, un jour, la promesse de m’offrir une flûte sachant parler aux oiseaux. Je l’ai espérée à chacune de ses visites et je crois que je la cherche encore. C’est à l’enfance et à la confiance que je dédie cet album. J’y ai cherché la complicité dans l’imprudence, la gravité dans le jeu et la beauté des premières fois.
Isabelle Courroy