Confluence#3 – Un éloge de l’oblique

2023 – L’oreille buissonnière // Buda Musique

Cet opus est l’aboutissement d’une trilogie entamée en 2014 avec l’album Confluence#1 – Le souffle onirique des flûtes kaval (compositions originales), suivi de Confluence#2 – Le chant des sources (arrangements personnels) – Janvier 2022 – Buda Musique.

Résidence d’écriture au G.ME.M avec François Wong

À partir d’un répertoire d’oeuvres mixtes pour kavals et sons fixés commandées aux compositeurs Zad Moultaka, Michel Moglia et François Wong, et de compositions personnelles, Isabelle Courroy poursuit son travail de création sur le croisement des esthétiques et des publics.

Cet opus met en oeuvre des instruments de conception inédite, notamment les kavals de cristal, le mobile et le trident harmoniques, créés par Isabelle Courroy.


Le souffle, âme du monde [1] – Michael Dian Directeur du Festival de Chaillol (05)
 
À l’écoute de cet album, dernier volet du triptyque amorcé en 2014, un sentiment de gratitude affleure sous l’émerveillement et le plaisir. Dans l’agitation et la fureur du monde, la musique d’Isabelle Courroy nous rappelle que le souffle demeure l’énergie primordiale, que ce flux miraculeux à peine perceptible est la force qui retient le monde de se défaire. Qu’il est bon de se mettre à l’écoute de ce qui en nous et autour de nous abrite aussi ce souffle et qui aussitôt relie à plus grand que nous.
 
Comme les danseurs soufis Mevlevi dont le tournoiement jusqu’à l’ivresse provoque l’épure intérieure et l’ascension spirituelle, Isabelle Courroy a fait de la maîtrise de son souffle un chant, de sa musique un parcours de vie, de son art une éthique. Son geste musical, infiniment renouvelé, s’approfondit dans une conversation fidèlement entretenue avec nombre de compagnons de route, musiciens, écrivains, penseurs, qui, comme elle, poursuivent cette quête sublime et fragile de la beauté, cet autre nom de l’enfance et de l’unité du monde.
 
Avec ce 3e opus, Isabelle Courroy conduit l’exploration des ressources du kaval jusqu’au versant le plus actuel des musiques de création. En passant commande à trois compositeurs reconnus, elle fait entendre un kaval d’aujourd’hui, résolument contemporain mais qui pourtant ne refoule jamais la sédimentation de ses mémoires d’Europe orientale. Manière de rappeler que la création est le plus souvent élaboration nouvelle à partir des ressources d’une tradition solidement établie.
 
Ainsi, toutes les œuvres de ce nouveau répertoire auxquelles s’ajoutent deux de ses propres compositions, ont en commun une même attention à la spécificité du matériau sonore du kaval comme élément constitutif de l’écriture. Le compositeur libanais Zad Moultaka, dont la musique semble convoquer des rituels oubliés, Michel Moglia, qui forge ses matières aux feux bien réels de ses chalumeaux, François Wong, l’improvisateur électroacousticien aux outils numériques très affutés, tous trois ont saisi l’invitation d’Isabelle Courroy qui leur offre un terrain jeu d’une fécondité incomparable.
 
Avec François Wong et Romain Perez – Cité de la musique de Marseille 2022


Ensemble, dans le bel esprit de compagnonnage qui est l’une des signatures du travail d’Isabelle Courroy, ils livrent un disque captivant, inscrit dans le monde, ancré dans les mémoires du son et des éléments, porté par le souffle puissant et vivant d’une interprète d’exception qui s’autorise toutes les audaces. Un répertoire et une expérience d’écoute qui captivera les passionnés de la création musicale comme tous ceux qui y trouveront la possibilité d’une traversée méditative originale. Pour tous, un antidote bienvenu dans une époque qui s’épuise à la recherche éperdue d’un nouveau souffle.

[1] L’hébreu biblique use de la même racine pour dire la respiration, le souffle vital (neshima נשימה) et l’âme (neshama נשמה).


Répertoire :
– Et le vent, comme un voile tombe sur toi… (9’02). Composition : François Wong & Isabelle Courroy
Interprète : Isabelle Courroy – Trident harmonique
– La vibrance de l’ombre … (8’25). Pièce mixte pour kaval, bande et électronique Composition : François Wong & Isabelle Courroy
Interprète : Isabelle Courroy – Flûte kaval de cuivre
– Travzon… (6’55). Composition : Isabelle Courroy
Interprètes : Trio Les trois lignes : Isabelle Courroy – Flûte kaval, Marine Sablonnière – Flûtes à bec, Henri Tournier – Flûte traversière

– Ard – Puis je vis un nouveau ciel (6’36). Composition : Zad Moultaka & Isabelle Courroy
Interprètes : Isabelle Courroy – Kaval de cristal // Sons fixés : Hélène Richer – voix, Mireille Collignon – Viole de gambe
– Chant thermique – La brebis perdue (6’23). Composition : Michel Moglia & Isabelle Courroy
Interprète :Isabelle Courroy – Kaval de cuivre // Sons fixés : Michel Moglia – Orgue à feu – Pyrophone
– Volière (5’35) – Composition et Interprète : Isabelle Courroy – Flûtes kaval
– Zaib Rouwakou (8’48’). Composition : Zad Moultaka & Isabelle Courroy
Interprète : Isabelle Courroy – Flûtes kaval de cristal // Sons fixés : Isabelle Courroy – Flûtes kaval et traversières


Prises de son Jean Michel Bouillot – Studio Nerves – Wos – Salon de Provence

Mixages : Fred Braye

Mastering Raphael Jonin

Label Buda Musique

Production L’oreille buissonnière