Avec la Cie Rassegna
Contretemps
(2020/MCE/SEUIL/ livre-disque)
Avec la Cie Rassegna, aux cotés de l’historien Patrick Boucheron et de Bruno Allary pour la création Contretemps
Création au Théâtre National de La Criée – Marseille 2019
Livre disque. Editions du Seuil / Automne 2020
« Mais il n’y a pas de musique médiévale, vous dis-je, il n’y a que des notes jetées sur des manuscrits ; elles sont comme des gouttelettes qui frémissent, qui grelottent, qui condensent le monde entier en des miniatures irisées. Elles attendent là, elles ont tout leur temps. Nul ne sait vraiment comment il faut les jouer, avec quels instruments, et surtout comment il conviendrait de les écouter. Alors voyez avec quelle douceur elles viennent vers nous, enrobées de leur gangue de solitude, si désireuses de faire sonner à nos oreilles l’éclat du neuf. »
… Il y aura toujours, ici, là-bas, quelque part, un être humain parlant sa propre langue, chantant sa seule musique, sonnant, sifflant, soufflant, ivre de la diversité du monde.
Ce livre et le disque qui l’accompagne sont un pari. Il ne s’agit pas de se retourner sur un passé lointain, « rescapé d’un grand naufrage », le Moyen Âge, et sa musique. Non. Il s’agit tout au contraire d’en saisir le surgissement dans le temps d’alors…
Il sole non si muove
(2016/MCE/Buda Musique/Socadisc)
Musique « intranquille et voyageuse » du XVIe siècle, ainsi la qualifie l’historien Patrick Boucheron en introduction au nouveau CD du groupe Rassegna, Il sole non si muove, petit bijou enregistré au studio du théâtre Durance (Château-Arnoux) et produit par Buda Musique. Le XVIe ? Parce que, sans doute, les frontières entre musique savante et populaire ne sont pas aussi nettes qu’aujourd’hui ; les musiciens sillonnent les territoires, transportant avec eux un répertoire où les genres se côtoient, dans une époque comme la nôtre dans un entre-deux…
Cette capacité à ne pas établir de distinctions a séduit Bruno Allary, âme de ce bel ensemble, qui refuse les cloisonnements qui « réduisent l’infini au binaire ». Le résultat, une incursion délicieuse qui nous mène de l’Angleterre élisabéthaine aux faubourgs de Tlemcen en passant par l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Bulgarie et la Provence. Quatorze pièces d’une sobre et virtuose élégance : Mireille Collignon et ses violes de gambe (basse et dessus), apporte avec ces instruments nés à la fin du XVe le parfum de la Renaissance ; Isabelle Courroy et ses flûtes kaval sourit de l’aventure et note le bonheur des « rythmes boiteux » ; Bruno Allary, qui passe de la guitare flamenca à celles classique, électrique ou baroque, soutenu par la basse électrique, la contrebasse ou le tar de Philippe Guiraud, se risque pour la première fois au chant, avec l’Ode sur la misère et la pauvreté de Bellaud de la Bellaudière en langue d’Oc, rauque comme la situation du poète enfermé dans les geôles de Moulin ; Fouad Didi au oud interprète Salouni ya Ahle el Hawa, exemplaire du genre musical arabo-andalou néo-classique Hawzi, originaire de Tlemcen au cours du XVIe ; s’unissent, enfin, en harmonies précises et inventives les voix superbes des trois chanteuses (aussi à la derbuka, au cajόn, ou au bendir) Sylvie Paz, Carine Lotta, Carina Salvado. Temps suspendu entre John Dowland et l’étonnant (et envoûtant) The Three Ravens de Ravencroft (sic)… Musique toujours contemporaine puisqu’intemporelle…
Coup de coeur de l’Académie Charles Cros – Création – Musique du Monde 2017
Zaman Fariq
(2011/MCE/Buda Musique/Socadisc)