Toi qui es transporté par le son du Ney, disait Rûmî, sache que sa pureté est due à celle du Neyzen [Joueur de Ney].
Le kaval tout seul, n’est rien. L’intérieur est complètement vide, il se remplit seulement par le souffle du musicien. Le son recherché est un « entre deux » : on se positionne entre les deux octaves, atteignant parfois un équilibre instable. De cette fragilité découle un état d’ouverture, un accès direct à l’émotion. Tel est le paradoxe de cet originel morceau de bois, de la famille des premières flûtes de bergers de l’humanité, devenant l’instrument subtil aux nuances infinies que nous entendons dans cette trilogie, ouverte aux Musiques du Monde d’aujourd’hui.
Rumî dans le Mesnevi écrit « C’est du feu, non du vent, le son de la flûte : que s’anéantisse celui à qui manque cette flamme! »
Ces Confluences sont faites de souffle et de flamme. Quand Isabelle Courroy joue sur un kaval de cristal ou sur le trident de son invention, nous sentons encore la chaleur du sable en fusion dans son souffle et lorsqu’elle dialogue avec les orgues à feu de Michel Moglia, nous assistons à l’incandescence d’un mariage réussi.
Le triptyque Un éloge de l’oblique évoque les musiciens qui circulent sur les routes et invoque le croisement des esthétiques. Ces multiples ramifications reflètent la manière dont vivent les musiques traditionnelles et comment de nombreux instruments ancrés dans les traditions sont amenés à voyager.
Isabelle Courroy qui a participé à des multiples projets de création a voulu, avec le projet Confluence convier des musiciens d’horizons divers à investir son univers. Elle a suscité beaucoup de créations et a passé commande d’œuvres contemporaines mettant en œuvre des kavals de facture inédite. Réunis autour d’elle comme une famille, ces musiciens nous font partager une musique fervente, riche et méditative, métissée au carrefour des cultures écrites et orales de l’Orient de l’Europe et de l’Occident de l’Asie.
Sami SADAK – Ethnomusicologue
Fire
If you are elated by the sound of the Ney, said Rûmî, be aware that its purity is the purity of the Neyzen [Ney player].
The kaval alone is nothing. The inside is completely empty, only filled by the musician’s breath. The sound we seek is an “in-between”: we position ourselves between the two octaves, sometimes reaching an unstable balance. From this fragility comes a state of openness, a direct access to emotion. Such is the paradox of this original piece of wood, from the family of mankind’s first shepherd flutes, becoming the subtle instrument of so many tones we hear in this trilogy, open to today’s World Music.
Rumî writes in the Mesnevi It is fire, not wind, that is the sound of the flute: may those who lack this flame be destroyed
The Confluences are made of breath and flame. When Isabelle Courroy plays a crystal kaval or the trident of her own invention, we still feel the heat of molten sand in her breath, and in her dialogue with Michel Moglia’s fire organs, we perceive the radiance of a happy marriage.
The Un éloge de l’oblique triptych evokes musicians on the road, invoking the crossing of various aesthetic styles.
These multiple ramifications reflect the way traditional music is very much alive and how many instruments rooted in oral traditions are bound to travel and change.
Isabelle Courroy, who has taken part in many creative projects, wanted the Confluence project to bring musicians from diverse backgrounds into her world. She has inspired many new creations and commissioned contemporary works featuring kavals of unprecedented craftsmanship.
Gathered around her like a family, these musicians share with us a fervent, rich and meditative music, blending the written and oral cultures of Eastern Europe and Western Asia.
Sami Sadak – Ethnomusicologist