Direction artistique et arrangements originaux : Isabelle Courroy
La distribution de Confluence#2 – Le chant des sources est particulièrement étincelante.
La présence de la voix y est centrale et magnifiquement incarnée par Françoise Atlan, Katerina Papadopoulou, Mariyana Pavlova, Maria Simoglu et Gülay Haçer Toruk, le choeur Estampes placé sous la direction de Philippe Franceschi (Alexia Alberty, Silvio Cast, Marion Ciocca, Ludivine Seu)
Isabelle Courroy a puisé son inspiration dans les répertoires traditionnels d’Arménie, de Bulgarie, de Grèce et de Turquie. Elle a rassemblé dix thèmes choisis pour leur beauté mélodique. Qu’elles soient instrumentales ou vocales, toutes sont des joyaux, dont elle a distillé l’essence et pour lesquels elle a composé un nouvel écrin.
Ces arrangements accordent une place tout à fait particulière à certains instruments à cordes spécifiques : viole de gambe, harpe, contrebasse, violon, violon ténor, laouto, oud, mandole, santuri, lyre pontique, nyckelharpa, kanun, tambura, laouto, oud, mandole.
Les percussions (dafs, bendir, derbouka et tapan-daouli) viennent compléter cette riche palette sonore.
Au coeur de cette trame, les flûtes kaval d’Isabelle Courroy, apporte un souffle dont le caractère organique traverse l’ensemble des pièces.
Distribution :
Direction artistique : Isabelle Courroy
Conseils à la réalisation : Bruno Allary
Françoise Atlan : Chant
Mireille Collignon : Viole de gambe
Isabelle Courroy : Flûtes kaval
Shadi Fathi : Dafs kurdes
Le choeur Estampes sous la direction de Philippe Franceschi
Patrice Gabet : Violon, Violon ténor
Spyridon Hallaris : Kanun
Christiane Ildevert : Contrebasse
Ourania Lambropoulou : Santuri
Marie Domitille Murez : Harpe
Katerina Papadopoulou : Chant
Mariyana Pavlova : Chant
Aliocha Régnard : Nyckelharpa
Lionel Romieu : Tambura, Oud, Mandole
Jérôme Salomon : Bendir, Derbouka, Tombak, Tapan-Daouli
Maria Simoglu : Chant
Sokratis Sinopoulos : Lyra
Kyriakos Tapakis : Laouto, Oud
Gülay Haçer Toruk : Chant
Production L’oreille buissonnière
Distribution Buda Musique
Prises de son : Studio Nerves Wos – Jean-Michel Bouillot
Prises additionnelles : Bruno Allary, Jean-Christophe Désert, Kyriakos Tapakis
Mixage : Romain Perez
Mastering : Raphaël Jonin
Traduction anglaise : Sylvie Courroy
Création graphique et photographique : Ralph Louzon
Production : L’oreille buissonnière, Administration déléguée : MCE
Avec les soutiens financiers de la Direction Régionale des Affaires Culturelles
Provence Alpes Côte d’Azur et de la Région Sud
Transgressive oblique!
Écouter Isabelle Courroy, c’est d’abord prendre la mesure de son audace. Cette audace est transgressive pour la musicienne qui s’empare de la flûte kaval. En choisissant d’en faire son instrument d’élection, en prenant en main cette longue flûte oblique des bergers des Balkans et d’Anatolie, elle attire vers elle, crânement, l’expression d’une masculinité virile et solitaire, relançant jusqu’à nous les assignations de genre qui ont longtemps pesé, en Europe même, sur la pratique des instruments à vent.
En devenant la première femme soliste à jouer du kaval, bravant l’exclusivité de ses usages masculins qui s’accompagnait d’une transmission, elle aussi généralement masculine, Isabelle Courroy nous permet de prendre la mesure de cette longue histoire, au moment même où elle la transgresse. Car s’il y a bien, dans le geste même de la musicienne, une transgression, elle passe par les sons et les rythmes, elle se donne à entendre par la musique même, et voilà pourquoi il convient d’en prendre la mesure. C’est celle des grands espaces qu’elle convoque.
Cette tradition musicale nous revient recomposée par son oblicité : ainsi prise en main, la voici qui se fraye un chemin par la béance, chargeant le son d’une matière viscérale, où vibre encore la racine arabe et persane du nom même de Kaval, Qwl, la Parole en arabe, la Promesse en persan. Ainsi, grâce à la hardiesse d’une instrumentiste passionnée, le kaval se trouve comme augmenté. Le souffle masculin de la tradition est emporté plus au large encore par la puissance de la création féminine, puissance transgressive et oblique qui donne son sens pleinement musical à la notion de prise de parole, au présent de la création d’une soliste.
Mélanie Traversier
Historienne, spécialiste de la question du genre dans l’histoire de la musique
J’ai découvert les flûtes kaval il y a plus de trente ans. Je me suis
plongée dans l’apprentissage de cet instrument dont la forme oblique,
la plus rudimentaire, pourrait se résumer à celle d’une tige creuse
percée de trous, que l’on insuffle de côté.
Cette apparente simplicité de départ donne naissance in fine à un
matériau sonore plastique et complexe, fruit du travail du musicien et
mon régal quotidien.
J’aime cette vacuité d’embouchure qui met directement en contact,
par la puissance viscérale du souffle, le centre du corps qui joue avec
celui du corps qui écoute.
Isabelle Courroy