Ciné-Concert : Grass. A nation’s battle for life. (1925 – 65′) M.C.Cooper et E.B Schoedsack
Quand les américains, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, futurs réalisateurs de l’iconique King Kong (1933) prennent la route vers l’Inde en 1924, ils se retrouvent bloqués au Khuzistan suite la situation politique agitée du Sud de l’Iran. Lors de cette escale obligée, les cinéastes croisent les Bakhtiari, des éleveurs nomades qu’ils accompagnent pendant un mois dans leur grande migration vers les verts pâturages de la Perse. Ainsi naquit Grass, a nation’s battle for life, devenu depuis un documentaire mythique et un témoignage saisissant sur cette tribu des Lors, un peuple iranien apparenté aux Persans. Dans un ciné-concert épique, Isabelle Courroy et Shadi Fathi accompagnent aujourd’hui la longue expédition de ce peuple oublié, suivant les fils tendus de leurs accords de setâr et de tar ou le souffle long des flûtes kaval. Plus qu’une plongée ethnographique serpentant au travers des montagnes d’Asie Mineure, ce ciné-concert offre une odyssée musicale à la conquête du Far East…
Grass est devenu un documentaire mythique, mais il reste peu diffusé. Il a inspiré à Isabelle Courroy et Shadi Fathi une création musicale originale et inédite.
D’après Luc Benito – Directeur du F.I.M.É – Festival International des Musiques d’Ecran
Si l’on a coutume de dire que les musiciens accompagnent un film, en parlant d’un ciné-concert, l’acception nous semble tellement simpliste lorsque nous sortons de cette expérience captivante et hypnotique que nous ont fait vivre Isabelle Courroy (flutes kaval) et Shadi Fahti (Sétâr, Daf, Zarb) avec « Grass, le combat d’une nation pour la vie ». Bien sûr, il y a le choix des thèmes traditionnels d’Europe Orientale, d’Anatolie, d’Arménie et d’Iran qui donnent du sens à l’image et nous embarquent immédiatement dans un voyage dans le temps et dans l’espace, mais cette transhumance d’une peuplade du sud de l’Iran est surtout l’occasion de redécouvrir notre humanité, à travers l’instinct de survie et la force de l’entr’aide. Cette expérience est transcendée avec beaucoup de pudeur et de dignité par les images de Schoedsack et Cooper mais elle est surtout sublimée par Isabelle et Shadi qui jouent autant pour notre plaisir que pour donner du courage à ces êtres humains qui font la démonstration que tout n’est pas perdu dans notre relation à la nature.